On s’est tous assis en même temps sur un canapé dans un hôtel au sud de Paris, et Noumouké Sidibé, a commencé comme ça : «Le lendemain du 13 Novembre, j’étais chez le psy. Il était glacé par mon récit, il n’était pas préparé à ça. Aujourd’hui, j’ai une psy militaire, celle qui traite les soldats qui reviennent du terrain. C’est la seule qui peut comprendre ce que je raconte. Tous les autres que j’ai consultés sont dépassés : ils me disent de parler de mon enfance, mais ce n’est que du blabla.» C’était tout nouveau pour lui. Banlieusard, d’origine malienne, musulman, agent de sécurité au Bataclan… Il dit que ce n’est pas trop dans sa culture de parler. Un truc qui tient autant de la pudeur que de son histoire : il a déjà vu de près la mort et la violence, notamment dans son quartier. Mais là, il a croisé la route de trois terroristes – dont «un jeune blanc comme un cachet» – armés jusqu’aux dents pour le massacre et «senti l’odeur des morts».