Deux versions très opposées des faits. Ce jeudi, deux hommes ont été condamnés par le tribunal de Nanterre à 15 mois de prison dont 7 mois avec sursis pour agression aggravée. L’affaire aurait pu passer inaperçue, mais les deux victimes sont Manon*, la fille de Marine Le Pen âgée de 19 ans et son neveu de 18 ans, Paul*. « Cela n’aurait jamais eu autant de retentissements sinon », assure à 20 Minutes maître Fabian Arakelian, avocat d’un des prévenus. Ce dernier, comme sa consœur ont d’ailleurs parlé de récupération politique dans leur plaidoirie et d’investigations bâclées. « Il a fallu trouver des coupables punir les agresseurs des petits enfants de Jean-Marie Le Pen. »
Car pour la défense, Redhouane Joullane, 47 ans et Sohaib Tamma, 32 ans, sont innocents. Ces derniers ont toujours, et jusqu’au bout du procès, nié en bloc être les coupables. Eux évoquent une rixe entre différents individus à laquelle ils n’auraient pas participé et même fui, les victimes assurent qu’ils les ont roués de coups sans aucune raison. Aucun lien entre l’agression et le lien de filiation de la jeune fille avec la présidente du RN n’a été établie.
L’avocat de la partie civile évoque du pelotage
Les faits remontent au 5 octobre dernier. Il est 2h20 quand la police est appelée pour « une rixe » qui serait survenue à la sortie du bar-restaurant La Quille, à Nanterre, où une soirée étudiante avait lieu. Là, il découvre Manon en pleure et choquée qui vient d’être frappée au sol et son cousin Paul qui a reçu un coup de poing sous l’œil. Les témoins et les victimes parlent de deux hommes. Ils seront interpellés en état d’ébriété, à peine vingt minutes plus tard dans la rue, formellement reconnus par Paul depuis la voiture de police où il se trouve. Leur taux d’alcoolémie est alors à 0,69 mg d’alcool par litre d’air expiré pour Sohaib Tamma, qui a écopé par le passé d’une amende pour conduite en état d’ivresse, et de 0,98 pour Redhouane Joullane.
Appelé à la barre, Paul explique qu’il était en train de commander un taxi lorsqu’il a aperçu sa cousine, « légèrement pompette », avec deux hommes dont un « lui caressait le dos de haut en bas » pour la réchauffer. L’avocat de la partie civile évoque à ce propos du pelotage sur une très jeune fille par des adultes. Paul décide alors de les séparer et d’éloigner sa cousine. « On est de dos et là, on entend “on va la tabasser” et le temps que je me retourne, je me prenais un coup de poing. » Il assure, en le regardant droit dans les yeux, que c’est Redhouane Joullane qui lui a assené le coup.
Tirée par les cheveux, mise au sol et rouée de coups
La suite des événements est principalement rapportée par des témoins présents sur place. En effet, Manon, qui n’est pas venue à l’audience, a expliqué aux policiers ne pas vraiment se souvenir de ce qu’il s’était passé. Plusieurs témoins ont dit avoir vu le plus jeune des deux individus la tirer par les cheveux pour la mettre au sol et, toujours en la tenant, lui mettre des coups de pied au visage. Quant au second, il lui aurait donné des coups de poing. Elle sera emmenée à l’hôpital Foche pour une suspicion de nez cassé. Une suspicion confirmée qui lui vaudra 15 jours d’ITT.
Des versions que contestent les deux prévenus. « On souhaitait passer rapidement à La Quille, prendre une petite bière et partir, explique Sohaib Tamma, fonctionnaire de mairie. A un moment il y a eu une énorme rixe sur le boulevard, avec des gens torse nu. On a décidé de partir. » « Pour ne pas s’attirer des problèmes », complète le second prévenu, déjà condamné trois fois par le passé. Il promet se souvenir parfaitement de toute la soirée et « persiste et signe » sa version. « C’est curieux parce que les témoins et les victimes, tous ces gens n’ont pas vu de grosse rixe. Ils ne parlent pas de gens torse nu, souligne le président d’une voix étonnée. Des gens torse nu au moins d’octobre ça ne passe pourtant pas inaperçu. »
Une condamnation sans grande surprise
L’un des avocats des prévenus confiait à 20 Minutes, à demi-mot lorsque l’audience a été levée, le président n’est pas convaincu par la version des prévenus. Tout comme la procureure qui pointe du doigt leur fort taux d’alcoolémie, la concordance des descriptions des divers témoins et victimes ainsi que leur étrange présence à une soirée étudiante.
Condamnés à 15 mois de prison dont 7 mois avec sursis, les deux hommes devront également verser à Manon 1.288 euros de frais médicaux et 2.000 euros pour préjudice morale et à Paul, 1.000 euros pour préjudice morale. La défense des deux hommes a indiqué réfléchir à l’opportunité de faire appel.
Source : 20 minutes
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