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🇺🇸 Une étude révèle que les blancs de gauche abaissent leur niveau de vocabulaire pour s’adresser aux minorités raciales

Les préjugés raciaux peuvent désavantager les personnes de couleur lorsqu’elles passent une entrevue pour un emploi, achètent une maison ou interagissent avec la police. De nouvelles recherches suggèrent que les préjugés peuvent aussi façonner les interactions quotidiennes entre les minorités raciales et les Blancs, même ceux qui ont tendance à être moins biaisés.

Selon une nouvelle étude de Cydney Dupree [Photo], professeur adjoint de comportement organisationnel à Yale, les blancs de gauche ont tendance à minimiser leur propre compétence verbale dans les échanges avec les minorités raciales, contrairement aux autres Américains blancs agissant dans ces mêmes échanges. L’étude devrait être publiée dans le Journal of Personality and Social Psychology.

Alors que de nombreuses études antérieures ont examiné le comportement des personnes qui ont des préjugés raciaux dans des contextes multiraciaux, peu d’entre elles ont étudié comment des Blancs bien intentionnés interagissent avec des personnes d’autres races. « Il y a moins de travail qui explore la façon dont les Blancs bien intentionnés essaient de s’entendre avec les minorités raciales », dit M. Dupree. « Nous voulions connaître leurs stratégies pour accroître les liens entre les membres de différents groupes sociaux et leur efficacité. »

Dupree et sa coauteure, Susan Fiske, de l’UniversitĂ© de Princeton, ont commencĂ© par analyser les mots utilisĂ©s dans les discours de campagne prononcĂ©s par les candidats dĂ©mocrates et rĂ©publicains Ă  la prĂ©sidence devant diffĂ©rents publics au fil des ans. Elles ont numĂ©risĂ© 74 discours prononcĂ©s par des candidats blancs sur une pĂ©riode de 25 ans. Environ la moitiĂ© d’entre eux s’adressaient Ă  un public majoritairement minoritaire (lors d’une table ronde de petites entreprises hispaniques ou d’une Ă©glise noire par exemple). Elles ont ensuite comparĂ© chaque discours prononcĂ© devant un auditoire majoritairement minoritaire avec un discours comparable prononcĂ© devant un auditoire majoritairement blanc (dans une Ă©glise ou une universitĂ© majoritairement blanche, par exemple). Les chercheuses ont analysĂ© le texte de ces discours pour deux mesures : les mots relatifs Ă  la compĂ©tence (c’est-Ă -dire les mots relatifs Ă  la capacitĂ© ou au statut, tels que « assertif » ou « compĂ©titif ») et les mots relatifs Ă  la chaleur (c’est-Ă -dire les mots relatifs Ă  la convivialitĂ©, tels que « solidaire » et « compatissant »).

La chaleur, liée aux intentions envers les autres, et la compétence, liée à la capacité de réaliser ces intentions, sont deux dimensions fondamentales de la façon dont nous voyons les autres et dont nous nous présentons dans les interactions sociales. Les représentations stéréotypées des Noirs américains montrent généralement qu’ils sont moins compétents que leurs homologues blancs, mais pas nécessairement moins amicaux ou chaleureux, explique Dupree.

L’équipe a constatĂ© que dans leurs discours, les candidats dĂ©mocrates utilisaient moins de mots liĂ©s Ă  la compĂ©tence face Ă  un public majoritairement issu des minoritĂ©s que face Ă  un public majoritairement blanc. La diffĂ©rence n’était pas statistiquement significative dans les discours des candidats rĂ©publicains, bien qu’ » il Ă©tait plus difficile de trouver des discours prononcĂ©s par des rĂ©publicains devant des auditoires minoritaires « , note Dupree. Il n’y avait pas de diffĂ©rence entre les dĂ©mocrates et les rĂ©publicains quant Ă  l’usage des mots liĂ©s Ă  la chaleur. « C’était vraiment surprenant de voir que pendant près de trois dĂ©cennies, les candidats dĂ©mocrates Ă  la prĂ©sidence se sont engagĂ©s dans ce comportement anticipĂ©. »

Fortes de ces preuves préliminaires, les chercheuses ont entrepris de tester leurs idées plus en profondeur.

Elles ont conçu une sĂ©rie d’expĂ©riences au cours desquelles on a demandĂ© aux participants blancs de rĂ©pondre Ă  un partenaire hypothĂ©tique (supposĂ© rĂ©el). Pour la moitiĂ© de ces participants, leur partenaire a reçu un nom stĂ©rĂ©otypĂ© blanc (comme « Emily ») ; pour l’autre moitiĂ©, leur partenaire a reçu un nom stĂ©rĂ©otypĂ© noir (comme « Lakisha »). On a demandĂ© aux participants de choisir parmi une liste de mots pour envoyer un courriel Ă  leur partenaire. Pour certaines Ă©tudes, ce courriel Ă©tait destinĂ© Ă  une tâche liĂ©e au travail ; pour d’autres, ce courriel servait simplement Ă  se prĂ©senter. Chaque mot avait dĂ©jĂ  Ă©tĂ© notĂ© en fonction de sa chaleur ou de sa compĂ©tence. Le mot « triste », par exemple, n’est pas bien cotĂ© ni en termes de chaleur et ni en termes de compĂ©tence. « MĂ©lancolie » en revanche, a obtenu une note Ă©levĂ©e pour la compĂ©tence et une note faible pour la chaleur.

Les participants se sont également livrés à diverses mesures pour évaluer leur positionnement politique.

Les chercheuses ont constaté que les personnes de gauche étaient moins susceptibles d’utiliser des mots donnant l’impression qu’ils sont très compétents lorsque la personne à qui elles s’adressaient était présumée noire plutôt que blanche. Aucune différence significative n’a été observée dans le choix des mots des conservateurs en fonction de la race présumée de leur partenaire. « Ce fut une surprise désagréable de voir cet effet subtil mais persistant « , dit M. Dupree. « Même si c’est au final bien intentionné, ça pourrait être considéré comme de la condescendance. »

L’article en entier sur Yale Insight


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